À la caisse du supermarché, deux personnes sont devant vous et cela suffit à vous faire abandonner votre chariot sur place, après avoir levé les yeux et les bras au ciel. Votre belle-mère prend de l’âge et cherche ses mots pendant que vous ruminez et que vous sentez la colère vous gagner. Votre petit dernier ne comprend pas la règle de l’accord du participe passé et vous bondissez en hurlant « Mais qu’est-ce que j’ai fait au ciel ! ». Dans la salle d’attente, chez le dentiste, chez le coiffeur, à la boucherie et même au téléphone, vous sentez la pression monter.
Bref, la patience n’est pas votre point fort. Mais rassurez-vous : très peu de personnes sont nées avec la patience comme principale vertu. La patience, tout comme la gratitude, la politesse ou les langues étrangères, cela s’apprend et se cultive.
La patience : à quoi sert-elle ?
Imaginez des situations banales, comme faire la queue à La Poste, au supermarché ou chez le boulanger. Puis, imaginez des situations moins banales, mais importantes comme le fait d’enseigner une règle de mathématiques à un réfractaire ou d’expliquer, pour la cinquième fois de suite à votre assureur que l’arbre qui est tombé sur votre toit est celui des voisins et non le vôtre. Pour chacune de ces situations, imaginez deux scénarios : le premier, dans lequel vous vous énervez, car vous n’avez pas la patience d’arriver à vos fins ; le second dans lequel vous êtes calme. Vous voyez la différence ?
La patience nous rend de grands services, pour peu que nous sachions l’utiliser. Elle nous permet de vivre avec sérénité et de faire en sorte que les autres, ceux qui nous entourent, restent positifs et réceptifs également. La patience est une vertu qui vous permettra de sourire aimablement aux cinq personnes qui sont devant vous au supermarché ; peut-être même entamerez-vous une conversation et ferez de belles connaissances ?
La patience est une alliée qui vous permettra de faire comprendre (enfin) à votre fiston (qui n’a pas la bosse des maths) ce qu’est le théorème de Pythagore, le faisant rentrer avec la meilleure note de la classe. La patience est une qualité qui vous permettra de répéter, même si c’est la cinquième fois, la même chose à une société de services qui vous transfère d’un poste téléphonique à l’autre, sans vous énerver.
En résumé, la patience est une force et elle vous préserve. Les professionnels de la patience (parce qu’ils existent !) disent que, pour acquérir cette noble vertu, il faut s’entraîner encore et encore et que, à force de persévérance, de douleurs et d’irritation, nous parviendrons tous à l’acquérir. Pour acquérir la patience, il faut donc souffrir… un peu.
4 étapes pour lutter contre l’impatience et devenir… plus patient
1.Essayez de comprendre la nature addictive de votre colère, irritation ou indignation
Nous sommes des êtres humains construits sur la base d’un cerveau reptilien, c’est-à-dire que nous avons gardé des instincts de base. Ce fameux cerveau reptilien nous protège et nous permet de survivre émotionnellement et physiquement. Sur le plan émotionnel, nous voulons avancer, réussir, être en forme.
Est-ce vraiment une mauvaise chose ?
Bien sûr que non !
Cette volonté est d’ailleurs liée à la partie évolutive la plus ancienne de notre cerveau.
Si nous regardons les choses en face, le fait de vouloir se protéger est une nécessité absolue et nous conduit à une forme de dépendance absolue. Si vous ne me croyez pas, essayez de ne pas donner suite à vos désirs les plus basiques et vous verrez de quoi je parle.
La première étape consiste à entrer en contact avec le côté addictif de l’opposé de la patience, j’ai nommé la colère, l’irritation, le blâme, la honte… On commence par un léger inconfort, une tension qui monte de l’estomac, qui va de pair avec le sentiment que les choses ne vont pas comme nous le voudrions.
Puis, des pensées commencent à apparaître comme : « Je n’ai jamais vu une telle bande d’incompétents ! Comment a-t-il pu… ? Ne se rend-elle pas compte… ? Ils l’ont fait exprès, ou sont-ils simplement stupides ? » etc.
2.Améliorez votre attitude par rapport à l’inconfort et à la douleur
La plupart des gens pensent que le fait d’être « à l’aise » est le seul état qu’ils peuvent tolérer. En changeant votre perception, en vous disant « ce n’est pas confortable » au lieu de dire « c’est intolérable », votre seuil de tolérance évolue. Si la douleur et l’inconfort ont leurs propres objectifs, ils vous poussent à trouver des solutions.
C’est en essayant de faire face à vos réactions que vous pouvez, tout naturellement, trouver des solutions. En effet, la source de votre douleur étant l’autre – celui ou celle qui est à la source de votre inconfort – vous ne pouvez presque rien faire pour la changer. En revanche, ce que vous pouvez changer, c’est vous-même. Votre esprit doit donc se retourner sur vous plutôt que sur les autres qui génèrent le problème que vous percevez. Vous me suivez ?
Vous prendre en charge en vous entraînant mentalement à supporter la douleur et l’irritation en vue de les diminuer : telle est votre tâche. En réduisant votre impatience de manière volontaire, vous augmentez votre capacité à mieux la gérer. La solution à la douleur est donc un travail qui vient de l’intérieur.
3.Essayez de percevoir les signes annonciateurs de votre impatience
La plupart d’entre nous ne se rendent pas véritablement compte lorsque nous ressentons des sentiments subtils, mais bien présents et particulièrement douloureux. Nous choisissons d’ignorer notre souffrance et nous nous concentrons sur la résolution du problème. Si vous voulez vraiment prendre soin de vous, posez-vous la question de savoir ce qu’engendre votre irritation.
Essayez d’être curieux et de comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur de vous-même lorsque vous sentez votre impatience grandir. En cherchant bien, vous remarquerez que, à l’origine de votre inconfort, il a la peur de refuser ce qui est en train de se passer, la résistance.
4.Verbalisez vos émotions
Votre objectif premier, une fois que vous sentez l’impatience grandir en vous, est de l’arrêter net. Néanmoins, comme vous n’avez pas l’habitude de vous occuper de cette vulnérabilité intérieure, vous risquez de continuer à l’alimenter avec vos pensées négatives. Plus ça va et plus vous bouillonnez intérieurement… cette caissière si lente, ce môme qui ne comprend rien à rien, ce téléphone qui refuse de s’allumer et surtout cette télécommande qui ne fait pas ce que vous lui dites de faire…
Si vous vous sentez impatient, irrité, dites-vous : « C’est compréhensible, cela m’arrive lorsque je suis dérangé » ou encore « je n’aime pas cela, ça me met mal à l’aise, mais je peux le tolérer » et « je suis capable d’être tolérant face à mes propres défauts et à mes insuffisances ».
Imaginez ce que serait le monde si nous n’étions jamais pressés ou blessés de l’impatience des autres à notre égard. Et comment serait votre monde, celui dans lequel vous évoluez, en compagnie de vos proches et de ceux que vous aimez, si vous n’étiez jamais irrité ou impatient, ni avec eux ni avec vous-même. À quoi ressembleraient les choses ? Est-ce que cela vous donne envie de faire preuve de patience ?
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Excellent article! Merci!